Ta vie sauvée enfin

Battre un adulte est qualifié de torture, battre un enfant de mesure éducative.

Ces faits ne montrent ils pas clairement, à eux seuls, que le cerveau de la plupart des gens a une « lésion »,

un gros trou là où devrait résider l’empathie en particulier envers les enfants ?...


L’idée de n’avoir pas été aimé par ses parents est, me semble t’il, insupportable à la plupart des gens.

Or, plus les faits vont dans ce sens, plus ils se cramponnent à l’illusion d’avoir été aimés.

Ils se cramponnent également à leurs sentiments de culpabilité, chargés de leur confirmer que c’est de leur faute,

à cause de leurs défauts et de leurs insuffisances, si les parents ne les ont pas traités affectueusement.

Dans la dépression, le corps se rebelle contre ce mensonge. Alors, dans bien des cas, la mort, ou du moins une mort symbolique

sous forme d’une asphyxie des sentiments, parait préférable à la douleur de vivre la détresse du petit enfant qui, pour ses parents,

représente uniquement une possibilité d’assouvir leur ambition ou un exutoire aux sentiments de haine accumulés au fond d’eux-mêmes. …


Chez aucun des dictateurs dont j’ai étudié l’enfance, je n’ai trouvé trace d’un « témoin secourable ».

Faute d’avoir connu pareille assistance, l’enfant a glorifié la violence qu’il lui a fallu endurer. …

La sensibilité à notre propre sort est, tout simplement, la condition nécessaire à l’éclosion de notre capacité d’aimer.


 

Alice Miller a exercé la psychanalyse jusqu’en 1980 avant de se consacrer entièrement à ses recherches sur l’enfance.